Face à la multiplication des cyberattaques et à l’importance croissante des infrastructures numériques dans notre économie, l’Union européenne a considérablement renforcé son cadre réglementaire avec la directive NIS 2 (Network and Information Security). Cette réglementation, adoptée en janvier 2023, vise à protéger les secteurs essentiels de l’économie tout en harmonisant les pratiques de cybersécurité entre les États membres.
La directive NIS 2, qui succède et élargit le champ d’application de NIS 1, impose des règles plus strictes pour améliorer la résilience des systèmes critiques. Les entreprises concernées devront mettre en place des mesures de sécurité renforcées, organiser une gestion des risques structurée et notifier rapidement les incidents majeurs. Cette évolution marque une étape cruciale pour la sécurité collective européenne et la protection de notre écosystème numérique.

Calendrier de mise en œuvre : des échéances à anticiper
La directive NIS 2 suit un calendrier précis que les organisations doivent impérativement respecter :
- Publication au Journal Officiel de l’Union européenne : 27 décembre 2022
- Entrée en vigueur : 16 janvier 2023
- Date limite de transposition en droit français : 17 janvier 2025
- Soumission de la liste des entreprises assujetties par la France : avant le 17 avril 2025
- Conformité totale exigée : dans un délai de trois ans après la transposition
Cette progression échelonnée permet aux entreprises de s’adapter progressivement, mais nécessite d’anticiper dès maintenant les changements à mettre en œuvre.
Qui est Concerné par la directive NIS 2 ?
Un périmètre considérablement élargi
La directive NIS 2 étend significativement son champ d’application, couvrant désormais environ 160 000 institutions en Europe et 18 secteurs d’activité stratégiques. Elle distingue deux catégories principales d’entités :
Les Entités Essentielles
- Organisations de taille intermédiaire ou grande opérant dans des secteurs hautement critiques
- Critères : plus de 250 salariés ou chiffre d’affaires supérieur à 50 millions d’euros
- Secteurs concernés : énergie, santé, transport, infrastructures numériques, eau potable, banque, infrastructures des marchés financiers, etc.
Les Entités Importantes
- Structures de taille moyenne dans des secteurs critiques
- Critères : entre 50 et 249 salariés ou chiffre d’affaires et bilan total supérieurs à 10 millions d’euros
- Secteurs concernés : services postaux, gestion des déchets, fabrication de produits critiques, etc.
Autres entités directement concernées
- Les Collectivités Territoriales : environ 1 800 collectivités sont directement visées
- Les Fournisseurs de Services Numériques : prestataires cloud, moteurs de recherche, places de marché en ligne
- Les Administrations Publiques : organismes gouvernementaux et services publics essentiels
L'impact indirect : un effet domino sur l'écosystème numérique
Même si votre organisation n’est pas directement soumise à la directive NIS 2, vous pouvez être impacté en tant que :
- Fournisseur ou sous-traitant d’une entité soumise à NIS 2
- Organisation traitant des données personnelles (déjà concernée par le RGPD)
- Acteur de la chaîne d’approvisionnement d’entités régulées
- Partenaire commercial d’entités concernées
Cette cascade d’exigences crée un effet d’entraînement qui pousse l’ensemble de l’écosystème numérique vers une sécurité renforcée.
Les trois piliers fondamentaux de NIS 2
La directive NIS 2 est une réglementation européenne visant à améliorer la résilience et la capacité de réponse aux incidents de cybersécurité. Elle repose sur trois grands objectifs stratégiques :
1. Renforcer la résilience des infrastructures critiques
- Mise en place de mesures préventives robustes
- Limitation des risques de perturbations liées à des cyberattaques
- Protection des systèmes d’information essentiels au fonctionnement de l’économie
- Sécurisation des chaînes d’approvisionnement numériques
2. Améliorer la capacité de réponse en cas d’incident
- Détection rapide des menaces et des compromissions
- Gestion coordonnée des incidents de sécurité
- Partage d’informations entre les acteurs concernés
- Mise en place de procédures de continuité d’activité efficaces
3. Harmoniser les pratiques de cybersécurité
- Instauration d’un cadre réglementaire uniforme pour l’ensemble des entreprises concernées
- Standardisation des exigences de sécurité à l’échelle européenne
- Facilitation de la coopération transfrontalière
- Création d’un langage commun en matière de cybersécurité
Ces mesures visent collectivement à garantir la continuité des services essentiels, protéger les données sensibles et renforcer la confiance entre partenaires économiques dans un environnement numérique de plus en plus complexe et interconnecté.
La vision des experts : anticiper plutôt que subir
"Dans un contexte où les cybermenaces sont en constante évolution, les organisations doivent impérativement anticiper et renforcer la sécurité de leurs infrastructures. Se préparer aux risques est non seulement une nécessité pour protéger les systèmes, mais aussi un impératif pour préserver la confiance essentielle au bon fonctionnement des écosystèmes numériques."
Jonathan MERAOUBI, notre expert de la cybersécurité chez OCI.
Un renforcement significatif des obligations en cybersécurité
NIS 2 impose un cadre rigoureux, articulé autour de trois grands volets qui transforment profondément l’approche de la cybersécurité en entreprise :
1. Gouvernance de la cybersécurité
La directive place la responsabilité au plus haut niveau de l’organisation :
- Les organes de direction (conseil d’administration, comité exécutif) sont directement responsables de la mise en œuvre et du suivi des mesures de sécurité
- Obligation de définir une politique de sécurité des systèmes d’information (PSSI) claire et documentée
- Organisation de formations régulières pour l’ensemble du personnel, avec une attention particulière pour les dirigeants
- Mise en place d’un comité des risques chargé de surveiller et renforcer la sécurité en continu
- Supervision active des processus de gestion des risques et allocation des ressources nécessaires
- Audits de sécurité obligatoires au minimum tous les deux ans
Cette approche « top-down » garantit que la cybersécurité devient une préoccupation stratégique et non plus seulement technique.
2. Mesures de gestion des risques
Les entreprises doivent adopter une approche structurée d’évaluation et de traitement des risques :
- Analyse des risques systématique et documentée
- Gestion des incidents et plans de continuité des activités robustes
- Sécurisation des accès distants avec des mécanismes d’authentification multifacteur
- Protection renforcée de la chaîne d’approvisionnement numérique
- Vérification approfondie des ressources humaines impliquées dans les systèmes critiques
- Application des bonnes pratiques de sécurité : cryptographie, gestion des accès à privilèges, segmentation réseau
- Réduction de la surface d’attaque par une gestion rigoureuse des vulnérabilités
- Tests d’intrusion réguliers et exercices de simulation de crise
- Mise en place de solutions de sauvegarde robustes et testées régulièrement
L’objectif est de créer un écosystème numérique résilient, capable de prévenir les interruptions de services critiques et de limiter l’impact des cyberattaques.
3. Obligations d’information et de notification
En cas d’incident majeur, une procédure stricte de notification est requise :
- Alerte précoce obligatoire au CSIRT (Centre de réponse aux incidents) dans les 24 heures suivant la détection
- Rapport d’avancement détaillé sous 72 heures, incluant une première évaluation de l’impact
- Rapport final complet dans un délai d’un mois, documentant les causes, l’étendue et les mesures correctives
- Information obligatoire des destinataires des services si des dommages opérationnels ou financiers sont à prévoir
- Partage d’informations avec les autorités compétentes pour prévenir des incidents similaires
Ce système de notification rapide vise à créer un réseau d’alerte efficace à l’échelle européenne et à faciliter la coordination des réponses aux incidents majeurs.
L'Accompagnement OCI : Votre Partenaire pour la Conformité NIS 2
En tant qu’expert de la transformation digitale, OCI propose une approche structurée en 6 étapes :
- Se connaître : audit, diagnostic technique et cartographie des SI.
- Se préparer : élaboration de la PSSI, mise en place d’un SMSI et analyse des risques.
- Surveiller : déploiement d’un SOC et monitoring continu.
- Sensibiliser : formations, programmes de sensibilisation et exercices pratiques.
- Répondre : mise en place d’un CSIRT, gestion d’incidents et communication de crise.
- Renforcer : protection avancée, sécurisation des accès et solutions de sauvegarde robustes.
Notre pôle cybersécurité Résilience, labellisé par l’ANSSI et référencé sur Cybermalveillance.gouv.fr, vous accompagne avec une approche sur mesure, adaptée à votre secteur d’activité et à vos enjeux spécifiques.
Les Sanctions en Cas de Non-Conformité : un risque financier et réputationnel majeur
L’ANSSI (Agence Nationale de la Sécurité des Systèmes d’Information), en charge de la supervision en France, dispose d’un arsenal complet de moyens de contrôle et de sanctions :
Mécanismes de contrôle
- Audits approfondis des systèmes et des procédures
- Inspections sur site ou à distance, programmées ou inopinées
- Demandes de preuves de conformité et de documentation
- Évaluation des mesures de sécurité mises en œuvre
- Vérification de l’efficacité des dispositifs de détection et de réponse
Mesures correctives et sanctions administratives
- Mise en demeure de remédier aux non-conformités dans un délai imparti
- Injonctions de mise en conformité sous astreinte
- Restrictions temporaires d’accès à certains services ou systèmes
- Suspension temporaire d’autorisations ou de certifications
- Publication des sanctions (name and shame)
Sanctions financières dissuasives
Les amendes peuvent atteindre des montants considérables, proportionnels à la taille de l’organisation :
- Pour les entités essentielles : jusqu’à 10 millions d’euros ou 2% du chiffre d’affaires mondial annuel
- Pour les entités importantes : jusqu’à 7 millions d’euros ou 1,4% du chiffre d’affaires mondial annuel
Ces mécanismes de sanction visent à renforcer la crédibilité du cadre réglementaire et à garantir que la sécurité numérique devient une priorité stratégique pour toutes les organisations concernées.
Vers une cybersécurité proactive et intégrée
La directive NIS 2 représente bien plus qu’une simple obligation réglementaire : elle constitue une opportunité de transformation pour les entreprises européennes. En poussant les organisations à anticiper les risques cyber, à structurer leur gouvernance et à renforcer leur résilience face aux menaces numériques, cette réglementation contribue à créer un écosystème numérique plus sûr et plus résilient.
Cette évolution, bien que contraignante à court terme, permet de :
- Garantir la continuité des services essentiels face aux menaces croissantes
- Préserver la confiance des partenaires, clients et fournisseurs
- Réduire les coûts potentiels liés aux incidents de sécurité
- Harmoniser les pratiques à l’échelle européenne
- Créer un avantage concurrentiel par une meilleure maîtrise des risques
- Développer une culture de la sécurité à tous les niveaux de l’organisation
Dans un monde où la transformation numérique s’accélère et où les cybermenaces se multiplient, la directive NIS 2 constitue un cadre structurant qui permet aux organisations de faire face aux défis de demain avec confiance et résilience.
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Vous souhaitez évaluer votre niveau de conformité actuel, comprendre les implications spécifiques de NIS 2 pour votre organisation ou élaborer votre plan de mise en conformité ? Les experts d’OCI sont à votre disposition pour vous accompagner dans cette démarche essentielle.
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